Article #7 : Le drame de l’enfant doué (Alice Miller)
Alice Miller, une psychanalyste et philosophe contemporaine, nous parle de l’enfant doué. Elle a consacré une grande partie de sa vie à ses recherches sur l’enfance, notamment les blessures de l’enfance qui finissent par se refléter dans l’adulte bourreau. Comprendre les conséquences qu’ont ces événements sur l’enfant permet les relier aux blessures de l’adulte.
L’histoire d’un enfant doué
Dans son livre « Le drame de l’enfant doué« , Alice Miller décrit comme les enfants, grâce à leur sensibilité et leur intelligence émotionnelle arrivent à se suradapter aux blessures de leurs parents pour les combler. L’enfant observe un vide chez son parent qu’il chérit plus que tout, et pour palier à la peine de ce parent, il vient répondre à ce besoin qui viendra consoler cette peine. Il ressent, sait, voit ce qui trouble son parent.
Avec le temps, l’enfant apprend à cacher ses émotions, particulièrement celles qui vont blesser et mettre mal à l’aise son parent qu’il aime. Il peut entendre des injonctions tel que “Ne sois pas triste” ou “ ce n’est pas bien de se mettre en colère”. Chose qu’il va par la suite s’interdire de faire.
L’enfant ne sait donc pas comment gérer ces émotions et comment leur faire de la place. Il n’a pas appris. Il ne sait pas comment exprimer sa colère, ses peurs, ses angoisses ou sa jalousie par exemple. L’enfant doué cherche à faire plaisir à l’autre, sans prendre en compte quels sont ses besoins et ses envie profondes. Il ne vit pas totalement sa vie, mais celle qu’il pense qu’elle devrait être.
La transcription à la pyramide de Maslow
L’enfant doué grandit dans une insécurité émotionnelle. Insécurité car il se retrouve dans une posture où il peut être juger pour ses émotions, ses actes, ses gestes. L’adulte par la suite pourra cacher ses talents ou son intelligence et même se saboter parce qu’il n’a pu apprendre à les vivre pleinement durant l’enfance et rester dans cette insécurité.
D’après la pyramide de Maslow, le besoin de sécurité est tout en bas de la pyramide. Comment gravir les échelons pour arriver à nourrir le besoin d’accomplissement tout en haut de la pyramide quand le besoin de sécurité n’est pas nourri ?
De plus, arrive en 3e position, le besoin d’appartenance. Ce besoin d’appartenance peut guider l’enfant doué dans encore plus d’adaptation pour pouvoir faire en sorte de trouver sa place et répondre aux besoins des autres plutôt que les siens. Et cela peut se répéter par la suite chez l’adulte avec d’autres adultes (ex: bizutage).
Alice Miller étaye ses propos par des exemples frappants et qui nous font nous poser des questions quant à l’enfance et notre place d’adulte aujourd’hui.
L’adulte d’aujourd’hui
En lisant le livre d’Alice Miller, j’ai retrouvé des choses vécues dans l’enfance. J’ai grandi dans une famille où beaucoup de choses devaient rester sous contrôle, notamment les émotions. Je ressentais le besoin fort de m’exprimer mais dans un sens, j’ai été retenue par l’éducation et les traits culturels de ma famille.
Aucun regret, ni coupable dans cette histoire. Je me dis finalement que mes parents ont fait du mieux qu’ils ont pu avec ce qu’ils avaient.
Néanmoins, ce que j’apprends, c’est que la suradaptation peut vite revenir chez l’adulte. Le comportement de la personne qui fait plaisir, de celui qui n’ose pas être vulnérable par exemple. Sans parler de certaines peurs comme la peur de l’abandon qui peuvent être bloquantes au quotidien.
Piste de réflexions
Pour faire de place et poser un regard bienveillant sur l’enfant doué et l’adulte blessé, je vous propose des pistes de réflexions :
- Etes-vous à l’écoute de vos émotions ?
- Osez-vous pleurer dans les autres ?
- Quel était votre rêve d’enfant ? en avez-vous parlez à vos parents ? à vos proches ?
- Avez-vous une comportement de “people pleaser” ? (faire passer le plaisir des autres avant le sien)
- Etes-vous toujours au service des autres malgré la fatigue ou le surmenage de votre emploi du temps ?
- Comment vous sentez vous lorsqu’une personne proche est triste ?
- Comment gérez-vous le conflit ?
- Est-ce que vous avez du mal à dire non ?
- Est-ce que vous vous excusez pour tout ?
Revenir à l’enfant suradapté c’est apprendre à écouter ses besoins et ses émotions, savoir faire de la place et les exprimer aux autres sans avoir peur des représailles. C’est aussi lâcher prise sur le regard des autres et se donner une place de premier choix.
Sothiya Taing – Créatrice d’espaces de résonance
Accompagnement holistique – Coaching – Yoga
